Littérature francophone, Zoé

« Tortues », de Bruno Pellegrino, Editions Zoé

D’où vient cette peur enfantine d’un incendie qui ravagerait la maison, détruirait les objets, les carnets, ce qui constitue une vie, si jeune soit-elle ? Mystère. Bruno Pellegrino « ne sai[t] pas d’où vient cette inquiétude. L’enfant n’a pas connu d’arrachement, cette chambre est la sienne depuis toujours. Mais si cela devait arriver, s’il fallait partir, il veut être prêt. Il range dans le dernier tiroir de son bureau ses biens les plus précieux […] La nuit où la maison brûlera, lorsque sa mère viendra le chercher et lui dira de sortir, vite, vite, il n’aura qu’à emporter le tiroir avant de quitter la chambre. » Chaque dimanche, le rituel se répète : trier, jeter, conserver.

Plus tard, la question se pose de savoir que garder de la vie des autres : cette écrivaine décédée dont il est chargé d’inventorier les documents ; Marthe, la poétesse inconnue qu’il recherche avec minutie ; Françoise, l’héritière du poète suisse Gustave Roud, qui elle-même entretient fidèlement la mémoire du grand homme en classant ses photos, en prenant soin de sa maison. Trier, conserver, jeter, exhumer et entretenir la mémoire, rendre vie en sortant de l’oubli, préserver ces petits riens qui font une vie, traquer la mention d’un nom dans une nécrologie, s’interroger : que signifie archiver ? Tout conserver ou sélectionner ? Et si l’on sélectionne, est-ce encore faire œuvre de mémoire ou plutôt œuvre d’oubli ? « si fabriquer des archives consiste à en détruire la pus grande partie, alors l’archive n’est pas un moyen de garder la mémoire, mais une méthode pour apprendre à oublier »

Et puis, que signifie oublier, se souvenir ? Qu’est-ce que la mémoire ? Comment fonctionne-t-elle ? Existe-t-elle seulement ? Ainsi que nos souvenirs ? Ou ne sont-ils qu’une fiction, des images qui « s’altère[nt] », que l’on reconstruit, dont on se persuade ?

Tortues constitue l’autoportrait d’un auteur en une mosaïque de souvenirs, d’enquêtes sur soi et sur d’autres, un recueil à la fois personnel et universel, où l’on retrouve la patte poétique reconnaissable de Bruno Pellegrino, déjà appréciée dans son roman Là-bas, août est un mois d’automne.

Nadège

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