Ecole des loisirs, Enquête, littérature française, Litttérature de jeunesse, Romans

Mémoires de la forêt. Les carnets de Cornélius Renard, Mickaël Brun-Arnaud, Ecole des Loisirs

L’an dernier, Mickaël Brun-Arnaud nous offrait un petit bijou de littérature jeunesse intitulé Mémoires de la forêt. Les souvenirs de Ferdinand Taupe. Poésie, tendresse, humour et jolies illustrations s’entremêlaient dans ce premier roman prometteur. Un an plus tard, le deuxième tome mettant en scène la forêt de Bellécorce et ses habitants est tout aussi réussi : sous-titrée Les carnets de Cornélius Renard, cette nouvelle aventure nous fait découvrir les origines de la librairie d’Archibald Renard. Mais c’est au terme d’une véritable aventure que se révèleront les secrets de cette fabuleuse création.

Alors qu’Archibald mène des jours paisibles dans sa librairie, conseillant ses clients et tentant laborieusement d’écrire son premier livre, alors que les festivités d’automne se préparent à Bellécorce et qu’une atmosphère joyeuse emplit les cœurs, surgit Célestin Loup. Cet inconnu se présente comme le véritable propriétaire de la librairie – preuves à l’appui – et accuse les Renard d’avoir spolié l’établissement de sa famille depuis trois générations. Archibald est aussitôt expulsé et mis à la rue par le maire de Bellécorce. Complètement désemparé, il se raccroche à un petit objet découvert dans ses maigres affaires : un carnet de son grand-père. Celui-ci y mentionne l’existence d’autres carnets dans lesquels il aurait rédigé l’histoire de sa vie et raconté la genèse de la librairie. Comprenant que ceci est son seul espoir pour éclaircir cette triste situation, Archibald part en quête des secrets de son grand-père, accompagné de son neveu Bartholomé, grand lecteur de romans policiers.

Un nouveau roman passionnant et touchant qui donne très envie de découvrir le troisième tome de la série, dont la parution est déjà annoncée pour la fin de cette année.

Nadège

Enquête, Les Arènes, Société

Nos pères, nos frères, nos amis. Dans la tête des hommes violents, Mathieu Palain, Les Arènes

« Les violences faites aux femmes, c’est un truc qui t’intéresse ? » C’est à partir de cette question, posée par l’une de ses sources travaillant à la direction de l’administration pénitentiaire, que Mathieu Palain s’engage dans cette enquête sur les raisons qui poussent certains hommes à violenter leur femme. Assistant à des groupes de paroles auxquels des hommes jugés pour violence sont contraints de participer, Mathieu Palain s’attend naïvement à entendre des phrases comme « Bonjour, je m’appelle Mathieu et je frappe ma femme », mais c’est au déni, à l’auto-victimisation de ces hommes qu’il se retrouve confronté, des hommes en perte de repères, estimant que les femmes d’aujourd’hui ont acquis trop de libertés qu’elles ne parviennent pas à gérer, alors qu’eux-mêmes n’ont plus aucun droit. C’est aussi tout un système structuré par la violence dont il prend conscience et met au jour.

De ces témoignages, complétés par des rencontres avec des femmes victimes de violence, des psys et des accompagnants, Mathieu Palain a d’abord réalisé un podcast. Celui-ci a donné lieu à beaucoup de réactions, positives et négatives, à de nouveaux témoignages également : abordant, notamment, les violences perpétrées dans des milieux plus aisés que ceux qu’il avait pu rencontrer dans les groupes de parole.

C’est ainsi que Mathieu Palain poursuivra son enquête au-delà du podcast et décidera d’en faire un livre. Tout comme dans le passionnant Ne t’arrête pas de courir (désormais disponible en poche) consacré à un athlète doué condamné pour des cambriolages à répétitions, Mathieu Palain écrit à la première personne, nous emmenant avec lui dans son enquête, avec ouverture et nuance, mêlant empathie pour les personnes rencontrées et capacité à se (re) mettre lui-même en question, en tant qu’homme et en tant que journaliste. Un livre qui se lit d’une traite.