Ecole des loisirs, littérature jeunesse et adolescents, Romans

Mémoires de la forêt – Les Souvenirs de Ferdinand Taupe, Mickaël Brun-Arnaud, Ecole des Loisirs

Il est des pépites qu’on aimerait offrir autour de soi dès les premières lignes et qui nous habitent des jours après la lecture. Mémoires de la forêt. Les souvenirs de Ferdinand Taupe en fait partie. Dès la couverture, nous voici invités en douceur dans cette belle histoire : celle d’Archibald Renard et de Ferdinand Taupe, à la recherche de l’énigmatique Maude.

Archibald Renard est le libraire du village de Bellécorce. Dans sa librairie, chaque animal peut apporter ses écrits et espérer qu’ils soient vendus. Un jour, Ferdinand Taupe, un très vieux et très ancien client, arrive très agité : il recherche ses mémoires qu’il a déposés des années auparavant. Malheureusement ce livre vient d’être vendu et Archibald n’a pas noté le nom du client.

Ferdinand Taupe souffre de la maladie de l’Oublie-Tout et a besoin de son livre pour retrouver ses souvenirs, particulièrement ce qu’est devenue Maude (mais qui est Maude ?). Il ne dispose que de quelques photos et c’est avec ces maigres indices que le libraire va accompagner la taupe sur les traces de ses souvenirs.

Mickaël Brun-Arnaud signe un premier roman tendre et touchant, traitant avec beaucoup de délicatesse de la maladie d’Alzheimer. Diplômé en psychologie, l’auteur connait son sujet : il a travaillé pendant dix ans dans l’accompagnement de personnes souffrant de cette maladie. C’est aussi une magnifique histoire d’amitié et d’apprentissage, rehaussée des très belles illustrations de Sanoe.

 A mettre entre toutes les mains, des enfants – entre 9 et 12 ans – aux plus grands.

Nadège

Littérature étrangère, Romans, Seuil

Au large, Benjamin Myers, Seuil

Le sentimental, vois-tu, ne se résume pas à deux cœurs qui saignent et à des roses rouges. Le sentimental, c’est l’émotion, la liberté. C’est l’aventure, la nature et l’appel de l’ailleurs. Le fracas de la mer et de la pluie sur la toile de ta tente et une buse qui plane sur la prairie, se réveiller le matin en se demandant ce que te réserve la journée et partir le découvrir. C’est ça, le sentimental.

Suivant cette définition, « Au large » est un vrai roman sentimental. Le roman d’une amitié improbable entre Robert – un jeune garçon quittant sa campagne natale pour échapper à la mine, avec un but : voir la mer – et Dulcie, une quinquagénaire solitaire, cultivée et anticonformiste, vivant dans un cottage perdu au milieu de la nature, en compagnie de son Majordome canin.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les privations touchent durement toute la population. Pourtant – et malgré son isolement –, Dulcie possède des réserves étonnantes (une cave bien remplie, des fraises surgelées, du homard et du poisson fraîchement pêchés) et des livres à foison. Autant de victuailles dont elle fera profiter Robert, lui ouvrant les papilles et l’esprit en l’initiant à des mets raffinés et à la poésie. Celui-ci la paye en retour en effectuant quelques travaux physiques d’entretien : débroussaillage du terrain et remise en étant d’un vieil atelier. C’est en triant le bric-à-brac remplissant cette cabane que Robert met la main sur des traces du passé de Dulcie. Cette découverte tissera entre eux un nouveau lien indéfectible.

Nadège