Cet olympe est un bout de terrain arraché à toute civilisation, sorte de terrain vague en bordure de mer et d’une décharge, à proximité d’une grande ville dont le nom est tu. Vivent là, en ermite ou en bande, des personnages déçus, déchus, marginaux hagards et avides de liberté. Yasmina Khadra focalise principalement son propos sur deux d’entre-eux, vivant non pas en couple mais plutôt comme père et fils: Ach le borgne et Junior le simplet.
Le premier veille sur le deuxième tantôt comme sur un fils, tantôt comme sur un chien et lui enjoint de ne pas quitter les limites de leur monde parce qu’il ne pourrait s’adapter à celui des autres, des hommes « normaux ». Un jour cependant, un mage fraîchement débarqué sur ce territoire hors du temps ébranle les fondamentaux de Junior en lui faisant miroiter tous les bienfaits de la grande ville, d’une vie de famille, d’un travail régulier…Ach ne peut empêcher le départ de son poulain et les conséquences désastreuses qui s’en suivront.
La question que pose ce roman est de savoir jusqu’où contredire ou soutenir un ami, un proche, dans ses choix; comment lui faire comprendre ce qui est bien pour lui ou pas. Comme toujours, la langue de l’algérien est belle, il parvient à créer un tableau en peu de mots mais j’ai été déçue par cet « Olympe des infortunes ».
Il était risqué de créer l’après-Ce que le jour doit à la nuit, roman époustouflant, bouleversant, magnifique. Il était difficile de faire mieux et Yasmina Khadra était évidemment attendu au tournant. Cela arrive et c’est tant mieux.
Cynthia