Beaux Jeunes Monstres, c’est un texte de Florent Barat, une réalisation du collectif Wow, une fiction radiophonique exceptionnelle autour du handicap à écouter de toute urgence !
« Beaux Jeunes Monstres » c’est un hommage aux invisibles.
Pour donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, une place à ceux qu’on ne voit pas.
C’est le récit d’une révolte, une révolution même.
De celles qui font tourner le monde.
Et parfois le retournent.
Pour que rien ne soit plus jamais pareil.
Beaux Jeunes Monstres, ça commence comme ça :
« Moi j’ai pas toujours été un monstre, hein.
Avant quand j’étais dans le ventre de ma mère j’étais un peu normal.
En boule, tranquille.
Comme un bébé pas né, quoi.
Et puis quand je suis sorti, je suis pas vraiment sorti en fait.
J’ai passé la tête, et puis c’est là que j’ai commencé à faire le monstre, je crois. »
Ces mots sont ceux du narrateur de ce récit, William (alias Willy ou Wheeling). Ces mots pourraient être ceux de Gérard, alias Roswell, l’un des personnages attachants du dernier roman publié en poche de Marie-Sabine Roger, Vivement l’avenir.
Gérard est handicapé, il vit avec son frère, Bertrand, et la femme de celui-ci, Marlène. Pour mettre un peu de beurre dans les épinards, Marlène et Bertrand ont une locataire, Alex. Look androgyne, allure d’adolescente malgré ses trente ans, Alex est une errante. Depuis qu’elle a quitté ses parents à 18 ans, elle ne passe jamais plus de six mois au même endroit et, surtout, elle ne s’attache pas. Jamais. A personne. Alors quand malgré elle, elle se prend de tendresse pour Gérard, ça l’ennuie Alex. D’autant qu’elle n’en a plus pour longtemps ici. Et pourtant, elle aime ça lui raconter des histoires, déchiffrer les poèmes qu’il lui déclame, le voir heureux, lui fabriquer un engin pour le balader le long du canal. C’est là qu’ils rencontrent Cédric et Olivier. Et que l’aventure commence !
« Donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, une place à ceux qu’on ne voit pas. » Ce pourrait être la devise de Marie-Sabine Roger. Une auteure qui excelle dans l’art des rencontres improbables et parvient à nous faire réfléchir, rire et rêver même avec des personnages que l’on peut croiser au coin de la rue chaque jour sans même les apercevoir. Ces personnes transparentes sur lesquelles le regard glisse ou qu’il traverse, dont on se détourne par peur, dégoût, ignorance. Dans ce roman, Marie-Sabine Roger nous en propose une sacrée brochette. Et pourtant, sous sa plume tendre et drôle, qu’ils deviennent beaux ces jeunes monstres, qu’ils deviennent lumineux ces invisibles. « Ce qu’il faut, c’est écrire juste. En tout cas, il faut le tenter », dit Marie-Sabine Roger. Eh bien, encore une fois, c’est un pari réussi !