Rude journée pour le commissaire Yeruldelgger Khaltar Guichyguinnkhen. A l’aube, il apprend que trois Chinois ont été découpés au cutter dans une usine près d’Oulan-Bator. Quelques heures plus tard, dans la steppe, il déterre le cadavre d’une fillette aux boucles blondes agrippée à son tricycle rose.
Dans « roman policier », il y a roman » et Ian Manook y tient. C’est pourquoi au-delà de l’intrigue policière, il nous offre le récit d’un pays fascinant : la Mongolie. D’Oulan-Bator aux campements de yourtes dans la steppe, des traditions ancestrales aux perversions de la modernité… La vie y est rude, mais on ne peut s’empêcher d’y trouver pourtant une certaine beauté dans des rituels très étudiés (comme la préparation du thé) ou le respect témoigné aux ancêtres, par exemple.
Le commissaire Yeruldelgger, quant à lui, est un homme bourru, mais charismatique, détruit par la mort de sa petite fille, Kushi, cinq ans plus tôt. Il est secondé par sa co-équipière, Oyun, et son amie, médecin-légiste, Solongo. Gantulga, gamin des rues attachant rejoindra l’équipe et y insufflera une bonne dose de malice et d’humour, apportant quelques bouffées d’air dans des situations oppressantes.
Un roman maîtrisé qui donne envie de découvrir le deuxième tome de la série, paru chez Albin Michel cette année : Les Temps sauvages.
Et si vous voulez poursuivre votre découverte de la Mongolie, plongez-vous dans ce très beau récit de voyage de Linda Gardelle. Passez outre le rouge-rosé des pages (peu attrayant, selon moi) et découvrez l’expérience de cette jeune femme étonnante.
Linda Gardelle a 18 ans lorsqu’elle décide de partir un an en Mongolie, seule. Ses émerveillements, ses déceptions, elle ne nous cache rien. Elle nous fait partager son émotion face à l’hospitalité simple des nomades qui l’accueillent dans leur yourte sans la connaître, son dégoût des morceaux de gras dans la soupe, ses larmes devant les étendues sauvages, sa déception face aux ravages de l’alcool et à l’irruption d’autres fléaux de la civilisation que sont la télévision, la consommation à outrance, la perte des valeurs. On est impressionné par cette jeune fille qui n’hésite pas à partir sac au dos dans la campagne mongole comptant sur les rencontres de hasard pour se loger, qui se lance dans l’apprentissage de la langue et prend sa part de travail partout où elle passe : traire les chèvres, garder les troupeaux, faire fondre la neige pour obtenir de l’eau… Linda Gardelle se plie aux coutumes, devient une vraie Mongole : un compliment qu’elle savoure avec beaucoup de plaisir lorsqu’on le lui fait.
Linda Gardelle partage son émotion avec simplicité et sobriété. On y décèle l’enthousiasme et le respect de cette jeune femme pour un peuple qu’elle admire profondément et que l’on quitte nous aussi le cœur gros, mais heureux d’avoir partagé tant d’expériences (même si ce n’est que par procuration).
Yeruldelgger, Ian Manook, Livre de Poche. Commande en ligne / Commande de l’ebook.
Aylal. Une année en Mongolie, Linda Gardelle, Editions Gaïa.